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29 janvier 2012

Mélanchon, encore un effort

Mélanchon, encore un effort pour être vraiment républicain !

 

M. Mélanchon, sans doute inspiré par les vieilles déclarations de Gordon Brown qui voulait imposer à 50% les revenus supérieurs à 200 000 livres, affirme que tout contribuable se verra imposé à 100% pour ses revenus fiscalisables dépassant 300 000 euros par an.  Bravo ! dit-on un peu partout, « à gauche ». Voilà une proposition allant dans le sens de ce qu’attendent les Français. Enfin la justice sociale !

M. Mélanchon se fout-il du monde ou ne s’adresse-t-il qu’à la gauche caviar, à la gauche chic , aux bobos intellos, appartement parisien et résidence secondaire dans le Lubéron  ? Quels revenus bruts signifient ces 300 000 euros généreusement jetés en pâture démago au bon peuple assoiffé, lui, d’égalité vraie et de fraternité sincère ? 400 000 ? 500 000 euros ? Parce qu’il y a bien des moyens d’obtenir des abattements…

Mais restons-en tout de même à 300 000 euros.  Oui, M. Mélanchon se fout tout de même du monde parce que  de tels revenus sont  une insulte lancée aux millions de personnes qui, comme moi, arrivent péniblement à 25 000 euros brut  et a fortiori à tous ceux qui galèrent avec encore moins. Qu’on ne vienne pas invoquer les responsabilités, les longues études, les difficultés…  Qui croira qu’un terrassier est moins méritant qu’un médecin ? Qu’un chauffeur de bus a moins de responsabilités qu’un pilote d’avion ? Qu’une éducatrice est moins importe qu’une ministre ? Qu’une vendeuse ne vaut pas une directrice de banque ? Qu’un prof de gym n’est pas aussi digne qu’un footballeur ?

Quant aux études, que justifient-elles ? Un plus de savoir ? Des sacrifices supplémentaires ? Des difficultés sans commune mesure ? Certainement pas : entre une vie d’étudiant pendant six ou sept ans et un apprentissage à 16 ans puis un travail à 18, il n’y a pas photo quant au bien être, au confort même si beaucoup d’étudiants sont obligés d’avoir recours aux petits boulots. Ayant quitté ma famille à 17 ans, j’ai jobbé tout le temps de mes études (8 ans) et je n’ai jamais été malheureux : ma vie d’étudiant est la plus belle période de mon existence.

Non M. Mélanchon, non, ce n’est pas 300 000 euros qu’il faut prendre comme maximum  mais plus sûrement  40 ou 50 000 ! La basse-cour médiatique qui applaudit à tout rompre le candidat Mélanchon (mais ne votera probablement pas en masse pour lui) ne relève pas cette timidité dans la revendication. Sans doute parce que les salaires, les émoluments de ces dames et de ces messieurs, qui s’érigent en défenseurs et en porte-paroles du vulgus pecum, tendent davantage vers ces 300 000 euros que vers mes 25 000 !

Et puis, il faudrait aller encore plus loin M. Mélanchon. Cessons de faire un veau d’or du travail ! Tout le monde se fait chier au travail ; chacun fait semblant de croire qu’il est indispensable alors qu’il est un attrape couillons pour la majorité, d’autant plus qu’on ne nous dresse pas seulement à devenir des « producteurs » mais aussi des consommateurs de futilités : ce qu’on nous consent d’une main, on nous le reprend de l’autre

L’Eglise a donné un vrai coup de main à ses compères en duplicité, les rois, l’aristocratie, la bourgeoisie conservatrice ou républicaine ( !)…, en faisant du travail une punition voulue par la divinité ! En France, dieu est heureusement mort depuis longtemps mais les traditions ont la vie dure ! La travaillolatrie est habilement distillée dans les têtes et dans les cœurs depuis la petite enfance. Il y a 30 ou 40 ans, un bouquin pas mal fait du tout avait montré par A+B qu’il suffisait de bosser deux heures par jour pour assurer la subsistance des sociétés, plus de la moitié des heures passées à l’atelier, à l’usine, dans un bureau, dans une boutique… ne servant qu’à permettre de travailler : payer les transports, les habits nécessaires, les périodes de repos indispensables, les maladies… , le reste ne visant qu’à une consommation quasiment inutile de gadgets, de produits, d’attitudes qui ne sont devenus nécessaires que parce qu’on a tout fait pour nous en rendre esclaves.

Alors M. Mélanchon, ce n’est pas non plus 35 heures hebdomadaires qu’il faut défendre mais peut-être 20, peut-être moins et rappeler que le travail n’est jamais qu’un mal plus ou moins nécessaire.

 Certainement un tout autre genre d’existence.

Ford avait réussi à faire croire à ses ouvriers qu’une voiture leur serait nécessaire et qu’il fallait travailler davantage pour se la procurer. Tout le reste, notre société de consommation, n’est que la déclinaison de ce premier crime.

Rêvons un peu : moins de travail, plus de loisirs. Mais de vrais loisirs, pas une consommation plus ou moins déguisée, des loisirs pendant lesquels chacun pourra enfin découvrir qui il est, pourra avoir de vrais rapports avec ses semblables, pourra décider de son temps et de ses choix.

Pour cela, M. Mélanchon, changeons au moins l’Ecole : qu’elle ne soit plus cet instrument (carcéral) au service des puissants, qu’elle ne forme plus nos enfants pour qu’ils deviennent les jouets d’un système politique ou économique. Cessons d’instrumentaliser les jeunes générations, d’en faire les marionnettes des avatars du libéralisme à venir, rompons enfin avec la vieille mentalité scientiste et positiviste, attachons-nous à la mettre (enfin et sans hypocrisie : « l’enfant au centre … »)  au service exclusif de  l’individu. Qu’elle sache reconnaître ses aptitudes et  l’aide à développer ses potentialités sans tomber dans les errances d’un « projet de vie » qui n’est que le projet que le système en place lui destine.

Alors M. Mélanchon n’aura plus à fixer de limite honteuse à des revenus scandaleux.

Encore un effort…

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